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LATAILLADE Murielle

Équipe

Marketing

Sujet de thèse :

Entrepreneuriat étudiant : Inaction et échec des étudiants entrepreneurs.

Date de démarrage de la thèse :

novembre 2022

Nom du (ou des) directeur(s) de thèse :

Johannes SCHAAPER en co-direction avec Xavier HOLLANDTS

Résumé de la thèse :

Depuis quelques années apparait une réelle prise de conscience autour de la nécessité de développer ou favoriser l’entrepreneuriat. On assiste à une véritable intensification de moyens mis en œuvre : multiplication de dispositifs, modules, masters spécialisés, structures d’accompagnement ou d’incubateurs accompagnant de jeunes projets. Cependant les résultats en termes de création effective semblent encore en deçà des investissements puisque 3,5% des créateurs d’entreprise ont moins de 25 ans en France (INSEE 2020). Ces écarts entre les dispositifs au service des étudiants et le taux de création effectif nous interrogent sur un premier paradoxe qui a guidé notre problématique de recherche. Pourquoi une intention élevée (et aussi élevée que dans d’autres pays) débouche sur une aussi faible transformation en termes de création d’entreprises par les étudiants ? En d’autres termes, comment comprendre et étudier cette zone d’ombre qui fait basculer les étudiants entrepreneurs vers l’abandon de l’intention entrepreneuriale ? Le cœur de ce projet doctoral est donc d’étudier l’inaction entrepreneuriale avant de basculer potentiellement dans la phase caractérisée par l’intention de créer. Il s’agit donc d’étudier l’abandon entrepreneurial avant même que le porteur de projet ne passe dans la phase volitionnelle pré-actionnelle (si l’on se réfère au modèle du Rubicon développé par Heckhausen et Gollwitzer (1987)). Nous nous intéressons donc à des phases peu observables et peu objectivées mais qui pourraient permettre de contribuer à mieux comprendre l’écart important constaté entre l’intention et le passage final à l’action. La littérature souligne que la question de l’action d’entreprendre est très liée à la centralité des intentions dans l’action (Krueger et Carsrud, 1993, p.322) ainsi que sur le caractère prédictif de celle-ci (Fishbein et Ajzen, 1975 ; Ajzen et Fishbein,1980 ; Ajzen, 1991 ; Krueger et Carsrud, 1993 ; Emin, 2003). Les limites des modèles d’intention, en particulier de leur pouvoir prédictif sur la création effective ont toutefois été progressivement soulevées. Les recherches sur l’écart entre les intentions et le comportement entrepreneurial se sont ainsi multipliées au cours des dernières années (Boissin & al., 2017 ; Casrud & Brannback,2011 ; Fayolle & Linan, 2014 ; Krueger 2011 ; Gabay-Mariani & Boissin 2019) proposant de nouveaux axes pour comprendre le passage à l’acte et aussi l’ensemble du processus entrepreneurial au-delà de son déclenchement initial. Ces résultats ont progressivement remis en question les approches fondées uniquement sur l’intention entrepreneuriale. Ainsi face à ce qui est communément appelé « intention- action gap », Kautonen & al. (2015) ont montré la nécessité d’étudier d’autres facteurs que les simples intentions pour prédire et expliquer le comportement entrepreneurial.
Cette thèse prendra la forme d’une thèse par article (essais) autour d’un sujet commun : les causes de l’inaction entrepreneuriale des étudiants. Le 1er essai à visée exploratoire, se donne pour objectif de dégager les facteurs majeurs exerçant une influence sur la potentialité à créer une activité entrepreneuriale chez les étudiants. Ce premier article est basé sur une collecte exploratoire de terrain, auprès d’un échantillon ad hoc, constitué d’étudiants aux profils variés. L’essai n°2 se concentrera sur l’identification des facteurs essentiels ayant une influence sur l’action/inaction en matière d’entrepreneuriat étudiant (créer et développer ou non un projet de création). D’un point de vue empirique, une série de questionnaires, éventuellement complétés par des entretiens confirmatoires, permettront d’accumuler des données primaires qui seront exploitées par le biais de tests économétriques usuels. Enfin, l’essai n°3 abordera une autre perspective de nature plus expérimentale, visant à tester un protocole de recherche associant un groupe d’étudiants à un groupe témoin, afin de dégager des caractéristiques spécifiques permettant de travailler la question du profil des entrepreneurs étudiants. Pour cela, la méthodologie envisagée pourrait, en fonction de la taille de l’échantillon, consister à mobiliser une approche de type RCT. Nos travaux s’appuieront notamment sur le concept d’intention entrepreneuriale en positionnement la question de recherche au sein du modèle des dimensions sociales de l’entrepreneuriat de Shapero et Sokol (1982) et sur une théorie de prédiction comportementale : la théorie du comportement planifié de Ajzen (1991). Les résultats potentiellement obtenus pourraient permettre de mettre en évidence les acteurs ayant le plus d’impact sur l’écart entre intention et action, notamment dans le cadre de projets développés par les étudiants. Ils pourraient ainsi contribuer à améliorer sur certains points les dispositifs d’enseignement et d’accompagnement des étudiants, et donc contribuer à réduire dans une certaine mesure l’écart constaté. Notre travail exploratoire (enquête qualitative réalisée auprès de 40 étudiants dans le secondaire) nous a permis
d’identifier à minima deux pistes potentiellement fructueuses autour du temps/de la temporalité et des potentiels conflits de loyauté. L’ensemble des résultats du terrain nous montrent que cette latence du passage à l’action, ce mystère lié à l’évaporation de la mise en action pouvait s’expliquer en partie par le temps donné ou à allouer au projet de création par les étudiants en études supérieures et de potentiels conflits de loyauté. Nous souhaitons donc
explorer plus précisément ces deux facteurs dans le cadre de ce projet doctoral.

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